Clin d'œil

Fraternité

Pour la date anniversaire de la signature de l’armistice du 11 novembre 1918 qui mit fin aux hostilités de la Grande guerre, un dessin pacifiste tiré du n°1 de la revue "L’École et la Vie" paru un an auparavant, en septembre 1917.

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Niché dans le fonds de l'école de Peypin-d'Aigues, l'hebdomadaire L’École et la Vie était une publication dirigée par un pédagogue radical-socialiste de l’entre-deux-guerres à la carrière brillante : Paul Crouzet. Parmi les contenus proposés aux professionnels de l’Éducation nationale, des analyses sur l’enseignement et des conseils d’éducation et de pédagogie au personnel enseignant comme au grand public. La revue cessa de paraître en 1982.


Dans son édito du numéro consacré à la rentrée scolaire de 1917,  Paul Crouzet oppose l’enseignement allemand à l'enseignement français. Il salue le pragmatisme du premier et regrette l’accumulation de connaissances confinée à l’état de savoir théorique du second : "Nous étudions pour savoir au lieu d’étudier pour mieux vivre ; [il faut] orienter le savoir vers la vie […] non en fonction du passé, mais en fonction du présent et de l’avenir ; l'important est moins de savoir beaucoup que de savoir se servir du peu que l’on sait ". L'auteur transpose ensuite le fruit de ses réflexions dans le contexte guerrier de l’époque en soutenant "que la victoire ne sera gagnée que par des chefs militaires à l’esprit scientifique et moderne pénétrés des enseignements des faits, adaptant les méthodes anciennement apprises aux réalités nouvellement découvertes".

 

 

Après la guerre vient le temps de la paix.  Pour Paul Crouzet, il convient de travailler à une "plus étroite union de l’École et de la vie". Les articles suivants signés de différents collaborateurs, exhortent au dialogue avec les universités et à la reconstitution des élites de demain. Alors que les combats continuent de faire rage, ces intellectuels se projettent dans un futur proche où tout est à repenser et à reconstruire.

 

C’est cette vision d’une société optimiste et apaisée que l’illustrateur Lucien Métivet représente sur la première page du numéro consacré à la rentrée scolaire de 1917. Il met en scène deux officiers, l’un Allemand, l’autre Français et leurs enfants respectifs en tenue d’écolier. Sous le regard bienveillant des pères, autrefois ennemis, les deux élèves souriants se serrent la main dans un esprit de franche camaraderie. Une phrase interrogative sous le dessin vient servir le propos : "Puisque les pères ont veillé dans les mêmes tranchées, pourquoi les fils n’étudieraient-ils pas sur les mêmes bancs ?". La relève est là, les postures bellicistes appartiennent au passé et les adultes de demain auront à cœur de partager leurs savoirs dans un esprit de concorde.