Hommage à M. Michel Hayez

Témoignage de Mme Christine Martella, directrice des Archives départementales de Vaucluse

Monsieur Hayez,

C’est comme cela que vous appelaient et continueront de vous appeler tous vos collaborateurs, comme la stagiaire que je fus en 1983, que vous avez accepté de recevoir en votre beau service des Archives départementales de Vaucluse, bien que très surpris, et peut-être même un peu choqué, de découvrir qu’on ne demandait plus aux jeunes chartistes de classer des fonds médiévaux lors de leur stage, mais des fonds contemporains ! je vous aurais d’ailleurs, je le crains, fort déçu…

C’est lors de ce stage que j’ai découvert et suis tombée en amour pour l’univers qui était le vôtre, celui de ces très riches fonds vauclusiens, assez loin peut-être de votre premier intérêt chartiste pour les actes des évêques de Cambrai antérieurs à 1167 qui firent l’objet de votre thèse d’École, particulièrement signalée au ministre de l’Éducation nationale, et qui vous fit sortir premier de votre promotion. Toutefois, votre séjour romain à l’École française fut fondateur de votre vocation vauclusienne, et c’est ici, à Avignon, au sein du palais des Papes, que vous avez mené quasiment toute votre carrière comme directeur des Archives départementales, et responsable scientifique de l’édition des lettres des papes avignonnais, avec Anne-Marie, votre épouse, en faisant créer le centre de recherche sur la papauté d’Avignon, toujours hébergé aux Archives.
Vous y avez perpétué ainsi pendant 32 ans, une lignée finalement assez courte d’archivistes, car, on ne sait pas pourquoi, ce poste a été celui du temps long pour beaucoup d’entre nous…

Ce n’est pas le lieu de retracer toute l’activité professionnelle et scientifique que vous avez déployée jusqu’à votre retraite en 1996, et au-delà, mais comment ne pas évoquer votre volonté de publication de nombreux inventaires, de séries modernes en particulier, votre détermination dans la collecte systématisée, parfois difficile et non sans risque, des fonds des notaires, qui sont un des trésors de nos fonds, votre intuition de précurseur pour la création de postes d’archivistes intercommunaux, alors que vous poursuiviez par ailleurs des travaux de recherche nombreux sur la période médiévale dont vous étiez un éminent spécialiste ?

Et bien sûr, c’est votre attachement au palais des Papes que nous retiendrons aussi, et le rôle déterminant que vous avez joué pour y maintenir les fonds jusqu’à aujourd'hui : bientôt cette présence exigeante des Archives départementales de Vaucluse s’inscrira dans le registre de la mémoire de l’édifice, qu’elles vont quitter dans les prochaines années, mais personne de ceux qui l’auront connu n’oubliera jamais le palais des archives, et l’esprit qui y souffle toujours depuis près de 150 ans.

Aucun de vos anciens collaborateurs, dont quelques-uns sont présents aujourd'hui, malheureusement trop peu nombreux après plusieurs deuils cruels, qui vous ont beaucoup affligés ces derniers mois, ne vous oubliera. Vous resterez toujours pour eux, cher Michel, MONSIEUR HAYEZ.