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La marche du "Train fantôme"

Ce vendredi 19 avril 2024, sous un beau soleil venteux, près de 700 élèves de collèges et lycées vauclusiens étaient réunis sur la rive droite du Rhône à Roquemaure, pour une marche en mémoire de l’un des derniers convois de déportation.

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Une page d’histoire

Ce moment de partage s’inscrit dans le souvenir d’un épisode douloureux de la 2e Guerre mondiale alors que la France est en passe d’être libérée. 724 déportés-résistants, pour beaucoup des détenus politiques, sont entassés dans des wagons à bestiaux, et vont sillonner le pays, destination le camp de concentration de Dachau. Le convoi, parti du camp du Vernet en Ariège le 30 juin 1944, va rencontrer de nombreux obstacles durant son sinistre périple.

Le 18 août 1944, le train se retrouve bloqué sur la commune de Roquemaure, la voie de chemin de fer qui franchit le Rhône et relie le département du Gard à celui du Vaucluse, est en partie détruite par la Résistance. Sous la menace des armes, les officiers allemands ordonnent aux déportés de descendre des wagons et de poursuivre la route à pied en direction de la gare de Sorgues. Ces hommes et femmes, vont parcourir 17 km sous un soleil de plomb pour récupérer un train que l’occupant aura fait recomposer à l’identique.

Au cours de cette odyssée de 8 semaines, des Français, émus par le sort des déportés, manifestent quelques gestes de solidarité. Ils fournissent des vivres, apportent des soins médicaux ou facilitent les évasions. Lorsque le train arrive à Dachau le 28 août 1944, il reste 536 prisonniers. Parmi eux, 36 femmes qui seront déportées à Ravensbrück. La moitié de ces hommes et de ces femmes ne reviendront pas des camps.

Une démarche pédagogique et mémorielle

À l’origine de la manifestation, un professeur d’EPS du collège Jean Giono à Orange, M. Thierry Armant. Dans le cadre de la mise en œuvre de projets sur l’égalité femmes hommes, il initie en septembre 2022 un travail sur la mise en valeur des femmes résistantes déportées dans le camp de concentration de Ravensbrück.

Parallèlement, autour de la thématique de l'égalité d'accès aux filières scientifiques numériques mathématiques, il a accompagné les collégiennes dans la création d’une application portant sur l’histoire du train des déportés, les résistantes déportées à Ravensbrück et les camps de concentration. Cet outil, fruit de leur recherche rassemble documentation, archives et notices biographiques.

Le programme se prolonge au sein du dispositif « Classes de défense »,  auprès des classes de 4e et des 3e, ces derniers apportant leur expertise aux nouveaux venus sur le projet pédagogique.

Pour cette marche du souvenir, près de 700 élèves des collèges et lycées vauclusiens Jean Giono, Arausio, André Malraux, Denis Diderot, Jules Verne, Denis Diderot, Saint-Exupéry, Alphonse Benoît et Frédéric Mistral ont répondu présent. Pour cause de vacances scolaires décalées, les collégiens gardois n’ont pas pu prendre part à la manifestation. Parmi la foule réunie au pied de la plaque commémorative sur un pilier du pont détruit, on comptait également des membres de l’Amicale des déportés du train fantôme (un témoin survivant et des enfants de déportés), des représentants de la municipalité de Roquemaure, une poignée de journalistes, des historiens ou de simples intéressés par cet épisode de l’histoire ainsi que la gendarmerie qui assurait la sécurité des élèves tant à la sortie des bus que sur le pont de Roquemaure, le temps de la traversée en direction de Sorgues.

Il n’y a pas meilleur symbole de réconciliation qu’un pont. 

Sources aux archives départementales de Vaucluse
  • Témoignages sur le Train fantôme - 11 AV
  • Entretiens d'Yvonne et Christiane de Komornicka - 3 AV
Autres sources