Le quotidien des Vauclusiens sous l’occupation
Dans son journal de guerre, tenu entre 1939 et 1945, l’archiviste départemental Hyacinthe Chobaut documente au jour le jour le conflit et l’avancée des alliés. Le 2 janvier 1944, il rapporte qu’Hitler “reconnait la supériorité technique des alliés, surtout à propos des s/m [sous-marins]. 1944 sera dur. Mais confiance.” Cette année-là, le département entre dans sa 2e année d’occupation.
Entre restriction des libertés, rationnement et présence marquée des troupes nazies, la population, comme ailleurs, n’échappe pas aux vicissitudes imposées par l’Allemagne et le gouvernement de Vichy. Dans une brochure préfectorale à destination des maires de Vaucluse, le service des réquisitions et des relations avec les troupes d’opérations de la préfecture reprend un certain nombre de circulaires pour faciliter la gestion des troupes. Elle porte notamment sur les réquisitions de locaux, le cantonnement des soldats allemands, le personnel mis à leur disposition et l’équipement fourni ; elle traite en dernière partie des dommages éventuels que les troupes causeraient aux personnes et aux biens.
À Avignon, la présence de l’armée allemande est particulièrement ostensible. En mai 1944, l’état-major allemand fait du luxueux hôtel Dominion situé sur le boulevard Raspail le siège de sa kommandantur, avant que celui-ci ne soit détruit par une attaque aérienne le 24 juin 1944.
Côté loisir, la Wehrmacht prévoit d’accorder un peu de distraction à ses soldats cantonnés dans la cité. La Nationalsozialistische Gemeinschaft Kraft durch Freude programme toute une série de spectacles au théâtre d’Avignon, dont cette comédie de Georges Bernard Shaw les 17 et 18 juin 1944.
Dès le début de l’année 1944, sabotages, parachutages en campagne et pilonnages d’ouvrages routiers et ferroviaires se succèdent.
Pour garantir la sécurité des personnes et des édifices, l’autorité préfectorale exhorte les municipalités à renforcer la défense passive. Parmi les mesures les plus courantes figurent la diminution de l’éclairage public et privé, le repli dans des abris anti-aériens (ils sont recensés pour chaque ville et le Palais des Papes fut d'ailleurs l’un des abris les plus illustres) ainsi que le port de masque à gaz. Les gestes qui sauvent sont même enseignés aux écoliers, ils sont consignés dans des manuels illustrés destinés aux enfants.