Un patrimoine de pierres sèches à redécouvrir
Les murs à abeilles
Ce n’est que depuis quelques années que l’on redécouvre l’existence de ces ruchers "en dur ", qualifiés de "niches à ruches" ou murs à abeilles, qui pouvaient se trouver dans les murs des jardins ou des vergers attenants à l’habitation, ou encore dans des murs détachés de toute habitation. On en compterait une vingtaine en Vaucluse (ce sont plus de 100 qui ont été identifiés dans le Var). Ces murs de pierre sèche présentent des caractéristiques communes : pour abriter les ruches, des niches de dimensions moyennes, entre 50 et 80 cm de hauteur, larges de 60 à 70 cm et profondes de 30 à 50 cm ; une orientation sud/sud-est pour se protéger du vent dominant et aussi bénéficier des premiers rayons du soleil ; la base des niches est éloignée du sol de plus de 30 cm, pour éviter froid et humidité.
D’après les travaux des historiens, il existe deux catégories d’apiers : les ruchers familiaux composés d’une douzaine d’alvéoles, et les ruchers plus institutionnels qui dépendaient de châteaux ou d’abbayes, et pouvaient comporter jusqu’à 72 alvéoles.
Sans doute le plus ancien et l’un des plus importants en Provence…. le mur à abeilles de la chartreuse de Bonpas à Caumont-sur-Durance. Ce mur long de 33 mètres domine le jardin potager de la chartreuse, et son exposition au sud lui assure la protection contre le mistral. D’une hauteur de 6 mètres, il comporte 30 niches de forme rectangulaire réparties sur deux étages. Les niches sont toutes de même dimension : 75 x 50 cm, avec une profondeur de 50 cm. L’ensemble est en excellent état, même s’il semble ne plus être utilisé comme rucher depuis de nombreuses années.
Autre exemple, l’apier du hameau des Cabannes à Cabrières d’Avignon, composé d’un mur de 30 m de long comportant deux rangées de 25 niches, et un second mur de 9 niches. Les bâtiments sont entourés d’une cour fermée par un portail qui porte la date de 1791. On recherchera aussi, au gré de ballades, le rucher du château de Murs, dissimulé dans la broussaille entre deux champs de lavande, celui de Goult (Conservatoire des terrasses), ou encore ceux d'Ansouis ou de Vaugines ...