Une pédagogie émancipatrice
La mutation de l'école fait émerger, notamment chez les enseignants, un désir de dépoussiérer l’institution et de renouveler ses méthodes d’enseignement jugées trop classiques. La pédagogie Freinet est issue de ce mouvement. Novatrice et humaniste, elle place l'enfant au cœur du processus d'apprentissage.
Née en France au début du XXe siècle, reconnue par l’Éducation nationale, cette méthode a été développée par Élise Freinet, née Lagier-Bruno (1898-1983) et Célestin Freinet (1896-1966), tous deux instituteurs dans les Alpes-Maritimes. Ensemble, ils vont élaborer des techniques pour favoriser le travail coopératif, l'expression libre et la participation active des élèves dans un but d'émancipation intellectuelle et sociale.
Dans cette approche, l’enseignant agit ainsi comme un facilitateur de l’apprentissage plutôt qu’une figure d’autorité qui dicte ce qui doit être appris. Pour symboliser cette posture, l’estrade disparaît de la classe. L’élève est encouragé à explorer et expérimenter afin, qu’à travers ses découvertes, il construise ses propres savoirs. Il s’appuie notamment sur une feuille de route hebdomadaire pour accomplir à son rythme, les tâches et les activités programmées.
La pédagogie privilégie également les travaux de groupe. La classe, organisée de façon coopérative, permet de développer l’écoute, la communication orale, l’esprit critique et favorise le dialogue. Pour faciliter cette coopération, l’organisation spatiale de la classe est redéfinie en îlots : une aire pour les sciences et les activités créatrices ; un espace sans bureau, pour réunir la classe entière ; un autre dédié à la recherche d’information et le dernier, consacré à l’indispensable bibliothèque.
Le principe des examens finaux est rejeté au profit d’un suivi individualisé de l’élève dont le but est de consolider ses connaissances et ses compétences. Une démarche qui vise aussi à bannir le sentiment d’échec chez l’enfant, et contribue à le valoriser.