De la mobilisation à la capture

Roger offre un récit aussi édifiant qu’émouvant : celui d’un prisonnier vauclusien pris dans les tourments de la Seconde Guerre mondiale.

Le cahier du prisonnier de guerre Roger

Les cahiers et liasses de ce récit de guerre nous sont parvenus en 2020, à la suite de l’acquisition d’un petit lot d’archives privées conservées dans un grenier, sans liens apparents entre elles. Elles illustrent combien les archives personnelles sont complémentaires des archives administratives ; en tant que témoignages, elles apportent un point de vue incarné sur le conflit le plus meurtrier du XXe siècle.

Pour fixer ses souvenirs, Robert Roger a semble-t-il pris des notes au brouillon dix années après les évènements puis les a retranscrites un peu plus tard sur des cahiers, vraisemblablement dans les années 1970 ; certaines pages ont une écriture différente, d’autres – notamment une chansonnette et deux poèmes sont l’œuvre d’un camarade, Jean Lancelot.

L’intégralité de ce document privé, coté 1 J 1444, ainsi que sa version numérique sont uniquement consultables en salle de lecture. La présence de données personnelles ne permet pas sa diffusion en ligne.

Bribes biographiques glanées dans les archives

Robert Edmond Roger naît à Paris (XIIe) le 13 mai 1913. Sa fiche matricule de la classe 1933 le domicilie à Violès au moment de son recrutement ; à cette date, il exerce la profession de boulanger. Robert épouse Alice Castells (1916-2005) à Bédarrides le 20 mars 1946 et décède à Carpentras le 16 mai 1982.

Au début des hostilités entre la France et l’Allemagne, Robert Roger a 26 ans. Il est rappelé à l’activité le 3 septembre 1939. Incorporé au 112e régiment d’infanterie alpine (R.I.A.), il est affecté à la garnison de Hyères dans la 29e division alpine.

« Venez les gars, nous sommes prisonniers ! »

Motocycliste dans les transmissions, il part pour la Somme avec son régiment dès la fin mai 1940. Début juin, bloqués dans le petit village de Pertain durant 3 jours en raison des bombardements incessants de l’aviation allemande, "les mitraillettes crachaient le feu […] ; les balles sifflaient", les militaires sont finalement encerclés par les troupes ennemies ; ils sont faits prisonniers le 6 juin 1940. 

Défaits, les Français sont regroupés à un carrefour à l’entrée du village. Les Allemands placent en tête de colonne les officiers et les colonels du 112e R.I.A. ainsi que les commandants et capitaines du 94e régiment d’infanterie de montagne (R.A.M.) ; les simples soldats viennent à leur suite. Après la fouille sommaire de quelque 2 000 hommes sous une chaleur accablante, la longue et morne file s’ébranle, direction le village de Doingt.

Un long périple à pied et en train les attend, à travers la France, l’Allemagne et la Pologne jusqu’au stalag 1B à Hohenstein en Prusse-Orientale.