Clin d'œil

9 juin, Journée Internationale des Archives

Créée en 2005 à l’initiative de l’ICA (Conseil International des Archives), cette journée anniversaire est l’occasion de mettre en lumière les archives publiques et le travail de l’archiviste.

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Une anecdote nous donne inopinément la matière pour évoquer la "galaxie" archives. Il s’agit d’une courte correspondance tirée d’un dossier de la sous-série 3 T archives.

Le 9 mars 1891, le préfet d’Ardèche dans un courrier adressé à son homologue vauclusien, demande des renseignements sur un certain M. de Johannis. Ce dernier, originaire de l’Isle-sur-la-Sorgue, s’est en effet présenté dans plusieurs communes ardéchoises sous la qualification de paléographe, afin de proposer des prestations de classement rémunérées. Le préfet Gilliot, conscient des compétences scientifiques que requiert un tel travail souhaite au préalable s’assurer du pedigree du démarcheur.

Il revient donc à l’archiviste du département de Vaucluse Léopold Duhamel (1842-1922) de se prononcer sur l’affaire. Après quelques renseignements pris auprès de ses sources, il répond au préfet de Vaucluse le 8 août 1891 en ces termes : "je considère la présence du sieur de Joannis dans un dépôt d’archives comme très dangereuse tant au point de vue de la conservation des pièces que des classements". Lors de ses tournées d’inspection en communes, l’archiviste départemental a pu notamment constater que, sous prétexte de travaux historiques,  l’homme se permettait d’emprunter des documents. Les secrétaires des mairies concernées avaient ensuite les plus grandes difficultés à obtenir la restitution de leurs archives. Une fois réintégrées, les prêteurs crédules ne pouvaient que constater que le classement des liasses avait été complètement bouleversé. À l’Isle[-sur-la-Sorgue], on raconte qu’il aurait dépouillé des registres de notaires pour en revendre les feuillets à des collectionneurs. Il passe en outre dans son pays "et ailleurs comme un homme peu sérieux et peu scrupuleux sur les moyens de pourvoir à son existence aventureuse". Ainsi s’achève la lettre de l’archiviste départemental au préfet Bret.

Alors, quelles leçons tirer de cette histoire ? Préférez confier la gestion de vos archives à de véritables professionnels et veillez à leur intégrité sur leur lieu de conservation.


Pour en savoir plus sur Léopold Duhamel, brillant archiviste et grand érudit, à l’origine du transfèrement des archives dans la chapelle de Benoît XII, lire son portrait par L. H. Labande sur le portail documentaire Persée