Inventaire

L’architecte et la magie de la pierre sèche

Les étudiants de I'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris sortent de leur institution et participent à la rénovation des bories de Pierre Viala, à Gordes. Bernard Meyran, jeune animateur de ces ateliers d’été, photographie cette aventure et les paysages.

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Dans les années 1960, Otello Zavaroni, architecte et chef d'atelier à l'École nationale supérieure des Beaux-Arts (ENSBA) de Paris veut faire sortir les étudiants en architecture du cadre trop académique et figé de l'école en leur proposant un séminaire d’été sur le terrain. Il charge son assistant Luc-Régis Gilbert d'organiser un repérage des lieux à Gordes, dont le château, classé monument historique, était en instance de restauration.


Bernard Meyran, qui est étudiant de l’atelier Zavaroni, sera l’animateur des séminaires d’été. Il parcourt en 1969 la garrigue à la recherche d’un hébergement l’été suivant pour une quinzaine d’étudiants en architecture. Il rencontre un « paysan », Pierre Viala, qui achevait alors de réaménager sa borie ronde et l'acquisition parcelle par parcelle du groupe des bories du quartier des Savournins, envahi par la végétation.

C'est ainsi qu'est née l'opportunité d'un accueil à Gordes, chez Pierre Viala, des étudiants architectes de l'atelier Zavaroni pour les séminaires des années 1970 à 1973. Sans eau courante (une citerne), sans électricité, avec les moyens du bord, ils logent dans la grande borie ronde — B. Meyran dans la « borie du cochon » — et relèvent, dessinent, photographient les bories, remettant quelques pierres en place.

C’est pendant ces séminaires que Bernard Meyran a réalisé une série de photographies du chantier de rénovation du village des bories, avec Pierre Viala. Il photographie aussi des éléments architecturaux et paysagers significatifs situés dans le secteur de Gordes et la partie Est du département de Vaucluse, autour de Gignac et Sivergues, ou plus au Nord, vers Aurel, ainsi que dans les Alpes de Haute-Provence toutes proches, plus particulièrement dans la zone limitrophe au Vaucluse, autour de Banon et Forcalquier et jusqu’à l’abbaye du Thoronet, dans le Var.

Le fonds photographique, donné aux archives départementales de Vaucluse par Bernard Meyran en 2023, comporte des négatifs, planches-contacts et tirages noir et blanc. Il est accompagné d’une note de présentation rédigée par Luc-Régis Gilbert.

Les tirages photographiques en noir en blanc sont numérisés et accessibles en ligne.

Une soixantaine de clichés n’est pas identifiée. Il s’agit de paysages et d’éléments d’architecture assez facilement identifiables pour des personnes qui connaîtraient les lieux, s’ils n’ont pas été détruits ou malmenés depuis l’époque ou Bernard Meyran les a figés avec son objectif. Ces photographies ont été proposées à une identification collaborative en ligne en début d'année 2024.

Ex de clichés à identifier :


Les contributions d'internautes ont déjà permis d'identifier trois lieux, l'enquête se poursuit.

 

 

Pour aller plus loin : inventaire du fonds Pierre Viala