Le carnet disparu

Charles de Martignan est en poste à Apt lorsque sont organisées les élections législatives de 1824 suite à la dissolution de la chambre des députés en 1823.

Il fallait impérativement battre les libéraux et assurer la victoire des royalistes, l’ensemble du corps préfectoral fut mobilisé dans tout le pays pour la conquête des électeurs.

À en croire le bibliothécaire d’Apt, Fernand Sauve, dans son ouvrage « Les dessous d’une élection législative en Province en 1824 - d’après le carnet d’un sous-préfet d’Apt (1904)», il fut un agent actif et diligent de la stratégie mise en place par le gouvernement ; c’est ce que révèle ce petit registre, que Fernand Sauve put consulter, « contenant 40 feuillets bourrés de renseignements et de signes cabalistiques et qui portent la trace du labeur incessant de leur auteur ».  Y figure une liste des électeurs de l’arrondissement, établie avec profession, fonction, âge, chacun gratifié d’un oui ou d’un non et d’un commentaire de la main de Martignan lui-même :

« bon surtout pour conserver sa place », « votera bien pour conserver sa place », « il votera comme on voudra pour conserver sa place » ;

« Électeur des épiciers, il influençait l’année dernière dans les cabarets, il importe de l’annuler si on ne peut l’acheter… ».

D’emblée, sont exclus les protestants « mauvais et détestables » et les acquéreurs de biens nationaux, considérés en 1824 comme « tarés ».

Pour s’assurer que les votes des futurs électeurs aillent dans le bon sens, tout est mis en œuvre : politesses, invitations à dîner, influence des amis, des parents, du clergé, du préfet… et crainte de la justice. Selon l’importance de l’électeur, pas d’invitation à dîner, ainsi pour les électeurs de 4e classe, « on se contentera d’un bonsoir dit avec obligeance, ce qui vaudra 50 voix ». 

Est-ce le résultat de tant de « raffinement sociologique » ? Toujours est-il qu’en février 1824, les ultras confortent le pouvoir des royalistes en emportant largement la majorité de la Chambre. En Vaucluse, le Comte d'Augier gagne les suffrages avec 202 voix contre 47 pour le libéral marquis de Cambis d’Orsan.

 

« Le carnet » du sous-préfet, qui avait été acheté en 1899 par la bibliothèque d’Apt à un libraire de Tours, a disparu de la circulation et des collections, et nul ne sait s’il a été volé, détruit ou mis à l’abri.

Est-ce le résultat de tant de « raffinement sociologique » ? Toujours est-il qu’en février 1824, les ultras confortent le pouvoir des royalistes en emportant largement la majorité de la Chambre. En Vaucluse, le Comte d'Augier gagne les suffrages avec 202 voix contre 47 pour le libéral marquis de Cambis d’Orsan.

 

« Le carnet » du sous-préfet, qui avait été acheté en 1899 par la bibliothèque d’Apt à un libraire de Tours, a disparu de la circulation et des collections, et nul ne sait s’il a été volé, détruit ou mis à l’abri.