Déportations et répression

Pour le gouvernement de Vichy, tous ses ressortissants ne sont dignes d’être protégés.

Parallèlement à la poursuite des déportations de juifs, de résistants et d’opposants politiques par l'Allemagne, la préfecture de Vaucluse maintient le recensement des “Israélites” présents sur son territoire. Dès leur arrestation par la milice française ou la Gestapo, les juifs sont incarcérés puis déportés ; quant aux autres victimes, lorsqu'elles ne subissent pas le même sort, c'est bien souvent le peloton d’exécution qui leur est réservé.  Deux rescapées des camps de concentration connues pour leur engagement mémoriel, sont arrêtées par la Gestapo dans le Vaucluse : Marceline Loridan-Ivens (née Rosenberg) à Bollène le 2 mars 1944 et, sur dénonciation à Avignon le 13 mars 1944, Ginette Kolinka (née Cherkasky) subit le même sort. Avec Simone Veil, elles furent déportées au camp d’Auschwitz-Birkenau par le convoi 71 du 13 avril 1944.

De 1942 à 1944, 422 juifs de Vaucluse seront déportés. 
 

Un épisode a également laissé une trace indélébile dans les esprits de la population sorguaise : les déportés “du Train fantôme”. En gare de Toulouse le 3 juillet 1944, un train est réquisitionné par l’occupant. A son bord, 724 déportés, résistants, détenus politiques ou simples étrangers parqués comme du bétail. Sous la surveillance brutale de la police militaire allemande, ces hommes et femmes embarquent pour un périple macabre à destination de Dachau. De nombreux obstacles, dus principalement à des sabotages, vont freiner la progression du convoi funeste. Au fil de cet itinéraire chaotique, certains prisonniers parviennent par bonheur à s’échapper, sans aide extérieure, ou bien avec la complicité d’un civil ou d’un cheminot.

Le 18 août 1944, bloqués dans la commune de Roquemaure en raison de la destruction du pont de chemin de fer, les malheureux passagers se voient contraints sous un soleil de plomb et la menace des armes de poursuivre à pied les 17 km qui les séparent de la gare de Sorgues. Là, un nouveau train composé à la hâte les attend pour une prochaine étape : Pierrelatte.  La traversée de cette triste colonne sous escorte nazie n’est pas passée inaperçue dans la commune de Sorgues.

Dans les années 1990, un travail de collecte de témoignages auprès des déportés survivants mais aussi des témoins a été entrepris. Les archives départementales de Vaucluse sont dépositaires de cette mémoire. Parmi ce recueil, 4 extraits des entretiens réalisés par Laurent Luttaud auprès de Louis Augier et Charles Teissier.

Parfois, quand l’ennemi ne parvient pas à mettre la main sur les résistants, il prend des otages dans la population.

Parmi les épisodes répressifs tragiques qui ont jalonné le Vaucluse sous domination nazie, celui de Valréas. La ville, pourtant libérée début juin, se voit prise d’assaut. Le 12 juin 1944, 1200 soldats allemands envahissent l’enclave, pillent les maisons et procèdent à un massacre. Devant la façade de l’actuel musée du Cartonnage et de l’Imprimerie, 27 résistants et 26 otages choisis au hasard sont exécutés.