Les actions du Conseil général de Vaucluse sous la présidence Maureau

Département "de l'arrière", le Vaucluse n'en a pas moins besoin d'un capitaine, Achille Maureau assumera cette fonction. Président du Conseil général et sénateur, il s'attachera à administrer le territoire ainsi qu'à défendre ces intérêts auprès des instances dirigeantes.

À la veille de la Première Guerre mondiale

Le budget voté en 1912 par l’assemblée départementale reflète les domaines de compétence qui sont encore en vigueur dans la collectivité aujourd’hui. L’assistance aux vieillards se taille la part du lion avec un montant de 920 700 frs ; vient ensuite l’entretien des routes départementales pour un budget 380 841 frs. À noter deux créations importantes cette année-là : un laboratoire départemental d’analyses bactériologiques à Avignon et un poste de rédacteur au service vétérinaire départemental.

Durant le conflit

Les budgets des deux années suivantes sont sensiblement identiques mais la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France le 3 août 1914 vient modifier le contexte en profondeur.

Dès l'entrée en guerre, la France essuie quelques défaites dont une déroute en Lorraine que le sénateur de la Seine Auguste Gervais impute aux Provençaux. Dans un article publié dans Le Matin du 24 août 1914, il explique l'incident par un effet de surprise sur "les troupes de l'aimable Provence [qui] ont été prises d'un subit affolement". Clemenceau va même jusqu'à qualifier les soldats du Midi "d'impressionnables Méridionaux". Excédé par ces attaques, Achille Maureau, devant un parterre de conseillers généraux, va prendre la défense des militaires dans une violente diatribe contre le sénateur.

Cette année-là deux conseillers généraux sont absents pour cause de mobilisation : Ulysse Fabre et Alphonse Bernard.

À partir de 1914, les sessions donnent un éclairage particulier sur l’administration départementale en temps de guerre. Les montants substantiels destinés à l’assistance médicale gratuite, aux vieillards, aux aliénés, aux familles nombreuses ainsi qu’aux femmes en couche témoignent de la mise en place d’une action sociale en faveur des familles durement touchées par le conflit.

Outre les subventions, la collectivité apporte un soutien logistique. Le rapport de 1916 évoque la mise à disposition de l’ancien petit séminaire Sainte-Garde destiné un temps à accueillir des militaires en convalescence (1912) puis à servir de dépôt civil de prisonniers de guerre (1915) pour finalement être affecté aux services de santé. Une formation sanitaire y prend ses quartiers, elle va fonctionner le temps que dureront les hostilités.

En 1917, à la demande du ministère de l’Intérieur, le conseil général vote l’envoi d’une délégation patriotique de cinq membres dans les régions de France où ont eu lieu les batailles les plus destructrices. Sont désignés les conseillers Charlet, Clop, Laly-Nevière, Lacour et Loque (Pour aller plus loin, lire l’histoire d’archives sur La bataille de la Somme).

1918, l’assemblée vote  plusieurs crédits : 12 000 frs pour réorganiser l’Office départemental du placement, 5 000 frs pour contribuer à la création d’un dispensaire pour tuberculeux, 18 000 pour acquérir un immeuble de casernement à Bollène et enfin, sur proposition d’Ulysse Fabre, une "indemnité de vie chère" aux fonctionnaires de la préfecture.

L’après-guerre

La guerre est finie, la France panse ses plaies et honore ses morts. Le conseil général vote une aide aux communes pour l’érection de monuments commémoratifs à hauteur de 5%.

Il adopte également un nouveau règlement pour le personnel de l’asile d’aliénés de Montdevergues. Le budget alloué aux aliénés de Vaucluse passe de 150 500 frs en 1914 à 822 607 frs en 1919. À ces mesures s’ajoutent des créations de postes pour les bureaux de la préfecture et l’adoption d’un projet de réorganisation du service des ponts et chaussées.

L’année suivante, l’assemblée approuve la création d’un sanatorium pour tuberculeux ainsi que le projet d’un pont en ciment armé sur la Durance à Cavaillon. Enfin, dans un souci d’amélioration des services départementaux,  le secrétariat du conseil général s’étoffe et un projet de réorganisation du service départemental de la désinfection est entériné.

Lorsqu’Achille Maureau décède en exercice le 3 septembre 1921, Ulysse Fabre est désigné comme son successeur. Cette même année,  le Conseil général de Vaucluse vote un certain nombre de décisions qui vont définir les contours d’un territoire en voie de modernisation : refonte des services postaux abandonnant l’hippomobile au profit de l’automobile et de la bicyclette, nouvelle réorganisation des services de la préfecture, accord d’adhésion du département à la Société nationale du Rhône chargée de l’aménagement du fleuve.

 

Ainsi se clôt l'évocation du parcours d'Achille Maureau, fidèle jusqu'au bout à son Vaucluse natal.