La belle aventure de La Gazette apicole

Tout commence à Brignan...

... dans le domaine familial de la famille Alphandéry, une "campagne" sur le territoire de Montfavet, où Edmond naît en 1870 et y découvre sa vocation : s’occuper des abeilles et en apprendre tous les secrets.

Sa vie d’apiculteur commence en 1892, lorsqu’il crée à Brignan ses ateliers, ruchers et miellerie, qui deviendront les Établissements Alphandéry.

Débuts difficiles où les journées sont occupées aux travaux dans les ruchers et les ateliers, tandis qu’une partie des nuits est consacrée au classement de ses observations et à ses recherches sur les abeilles.

Car c’est bien là le rêve d’Edmond : découvrir les secrets des abeilles, partager et communiquer à d’autres sa passion pour ces merveilleux insectes. Seule une revue lui permettrait de réaliser son œuvre !

L'envol de La Gazette apicole

C’est ainsi que le 1er janvier 1900 paraît le premier numéro de la Gazette apicole, dont le programme tient en quelques mots : "faire pénétrer partout, grâce à un tarif extrêmement modique, l’enseignement et les bienfaits de l’apiculture".

• Les archives départementales de Vaucluse ne possèdent pas ces premiers numéros, assez confidentiels, et c’est seulement à compter du n° 176 (janvier-février 1919) que la collection est conservée, quasi complète jusqu’au dernier numéro (n° 891). La Gazette a été numérisée et ses exemplaires sont accessibles en ligne

En véritable "propagandiste" de l’apiculture, Edmond Alphandéry utilise également les procédés de diffusion les plus variés et imprévus pour faire connaître les abeilles et propager les méthodes apicoles modernes. Conférences, projections, expositions de ruches, affiches, dessins, photographies, cartes postales, tableaux scolaires, et même représentations théâtrales et projections cinématographiques, une première pour l’époque !  En témoigne le film "Les abeilles", production Gaumont, tourné à Brignan en avril 1905, et présenté en mai au Café de Paris à Avignon : le film dure environ 8 mn et l’on y voit Edmond Alphandéry présenter différentes manipulations "sans voile et sans gants…montrant que l’abeille n’est pas aussi redoutable que l’on veut bien le croire". 

À compter de 1919, le journal change de format et de présentation, modifie sa rédaction et va ainsi étendre son rayon d’action et connaître une plus grande audience. Les articles sont signés des plus grands spécialistes de l’entomologie, de la médecine, mais aussi des grands noms du monde culturel et politique d’alors : ce sont les numéros spéciaux de Noël. Comptes rendus scientifiques et études menées par les plus grands chercheurs cohabitent avec des textes poétiques sur les abeilles. Les illustrations de toute nature (miniatures médiévales, gravures sur bois, médailles, mosaïques, fresques, emblèmes, cartouches..) sont soigneusement reproduites, accompagnées des dessins et vignettes, humoristiques et talentueuses, de la dessinatrice Elisabeth Meyer.

Avec les nombreux ouvrages publiés par les Alphandéry père et fils, l’énorme documentation collectée sur l’abeille et l’apiculture, la volumineuse correspondance entretenue avec les personnalités scientifiques et politiques mais aussi les simples apiculteurs, c’est tout un ensemble de documents qui constituent un véritable fonds, mine de renseignements qui rassemblent une partie de la mémoire du monde apicole. Pour préserver et surtout diffuser cette documentation collectée durant toute sa vie, Edmond Alphandéry avait créé en 1936 un singulier "musée apicole" au sein de ses bureaux. Son fils Georges a poursuivi et considérablement enrichi ces archives ; puisse cette œuvre se pérenniser avec les projets en cours d’aménagement d’un Centre de documentation…

Grâce à de prestigieux patronages (Marguerite Yourcenar, Eugène Ionesco, Claude Lévi-Strauss, pour n’en citer que quelques-uns), la Gazette se développe et compte des abonnés toujours plus nombreux. Pourtant, au terme de 82 années d’existence, Georges Alphandéry met un terme à "l’exaltant destin" de La Gazette apicole, et c’est avec une émotion non dissimulée qu’il écrit dans l’éditorial du dernier numéro : "j’ai fini par te considérer comme mon cinquième enfant…. et c’est encore grâce à toi... que j’ai pu supporter et surmonter les épreuves de ma vie. Tu fus alors l’indispensable dérivatif, le bienfaisant refuge, le suprême recours."

Les abeilles sont en deuil…votre Gazette, doyenne de la presse agricole française, cesse de paraître…