Le prix-fait du retable d'Enguerrand Quarton
Ce prix-fait remarquable se distingue par sa longueur inhabituelle. Il précise avec détail les formes et les figures du retable. Il est composé d’un préambule rédigé en latin, suivi du texte, en langue « romane » c’est-à-dire en français du XVème siècle, précisant la composition de l’œuvre, enfin d’un protocole final à nouveau en latin.
L’œuvre et son prix-fait suscite un regain d’intérêt au XIXème et XXème siècles. Le retable est redécouvert par Prosper Mérimée en 1834 et classé en 1901. Le prix-fait, perdu, est retrouvé par l’abbé Henri Requin puis traduit par Hyacinthe Chobaut, archiviste et directeur des Archives départementales de Vaucluse de 1928 à 1950 dont la transcription a été publiée en 1974.
Le peintre
Enguerrand Quarton est né à Laon en 1412 et mort à Avignon en 1466. Il est peintre et enlumineur généralement reconnu comme appartenant à l’école provençale ayant des inspirations du nord de la France, de l’école flamande et de l’école italienne. Comme convenu dans le prix-fait par le commanditaire Jean de Montagnac, Enguerrand Quarton réalise, en dix-sept mois, le retable du Couronnement de la Vierge au prix de cent vingt florins. Ce dernier est installé sur l’autel de la Sainte-Trinité en septembre 1454, dans l’église des Chartreux de Villeneuve-lez-Avignon.
Le commanditaire
Jean de Montagnac est un chanoine de la collégiale de Saint-Agricol et chapelain de la Chartreuse Notre-Dame-du-Val-de-Bénédiction. Décrivant le retable avec une grande précision, le prix-fait stipule ses volontés particulières. En effet, ce dernier demande des représentations iconographiques nouvelles pour son époque :
- celle du Purgatoire, invention du Moyen Age où les âmes défuntes expient leurs péchés avant d’aller au Paradis,
- celle du Saint Esprit représenté par une colombe.
Cette demande révèle l’intérêt tout particulier que le commanditaire porte à la notion de la Trinité, précisée par le concile de Florence en 1439. Ce concile qui réunit l’Église d’Orient, les orthodoxes et l’Église d’Occident, les catholiques, résout le problème théologique de l’identification de la Trinité, en distinguant le Père, le Fils et le Saint Esprit.