Clin d'œil

Saint-Bénézet

Évocation par les inventaires de l’un des saints patrons d’Avignon qui légua son nom à un pont, un hôpital et une confrérie de métier.

Publié le

Les chroniques médiévales du chanoine Robert d’Auxerre datent l’arrivée du jeune pâtre ardéchois Bénézet à Avignon en 1177. La légende veut qu’une voix divine lui ait dicté de construire un pont sur le Rhône. Il meurt en 1184 avant l’achèvement du Pont d’Avignon vers 1188 dont il est réputé être le bâtisseur. Bénézet est aussi à l’origine de l'Opus pontis Rodani. Grâce aux dons d’argent et de terres ainsi qu’aux droits d’aumônes et de péage, l’Œuvre du pont, composée de laïcs vivant en communauté, assume alors trois charges : récolter des fonds pour construire et entretenir le pont, héberger les voyageurs, et servir Dieu dans un esprit de charité. Sur la deuxième des quatre arches encore présentes est édifiée la chapelle Saint-Bénézet. Quant à la communauté qu’il a fondée, elle disparaît dans les troubles de la fin du XIVe siècle et du début du XVe, les frères et les sœurs du Pont n'étant plus jamais mentionnés.

L'hôpital Saint-Bénézet maintient son œuvre d’assistance jusqu’à la Révolution. Le fonds d’archives est à l’image de son histoire : riche et complexe. En 1398, la tour du pont et le bâtiment de l'hôpital sont détruits. L’institution est alors abritée définitivement dans le bâtiment de l’hôpital fondé par le cardinal Ardoin Aubert en 1363 et auquel elle était unie depuis 1370. Plus tard, en 1453, avec l’accord du pape, le prieuré Notre-Dame de Bon-Repos  dit prieuré de Montfavet fusionne avec l'hôpital Saint-Bénézet.

L’hôpital est réservé aux voyageurs pauvres et passants mais les destructions successives du pont entraînent sa fermeture à la circulation en 1678. Une délibération du bureau général de l'hôpital décide alors de le consacrer aux enfants atteints de scrofule. En 1679, pour augmenter ses ressources et répondre à de nouveaux besoins, le vice-légat lui adjoint les biens de l’hôpital-maladrerie Saint-Lazare. Les missions de l'hôpital Saint-Bénézet se développent dans les années 1760 avec l’accueil des syphilitiques, ce qui entraîne la construction d'un nouveau bâtiment.

Avec la Révolution, une partie des biens de l'hôpital est saisie et vendue en 1793 pour 164 000 livres en assignats. En 1795, il ne reste que douze malades et, le 20 juin 1796, l'hôpital Saint-Bénézet est réuni à l'hôpital Sainte-Marthe. Il reste encore ouvert quelques années, admettant des enfants écrouelleux jusqu'en 1807. En juillet 1883, la ville est autorisée par ordonnance à vendre les bâtiments, pour une mise à prix de 24 000 livres.

La confrérie de Saint-Bénézet dite des gagnedeniers ou portefaix d'Avignon, quant à elle, se constitue plus tardivement. Elle est érigée en 1596 par Mgr Francesco Maria Tarugi, archevêque d'Avignon sous le patronage et le titre de Saint-Bénézet. Son siège se trouve dans la chapelle de l'hôpital Saint-Bénézet, à la tête du pont. Au port du Rhône, les portefaix chargent et déchargent les barques. Lorsque la confrérie est supprimée en 1792, quelques années plus tard, une délibération municipale est votée dans le but de redéfinir un cadre réglementaire pour l’exercice du métier et lutter contre les divers abus des tâcherons des quais. L’inventaire du fonds d’archives de la confrérie rassemble les documents d’archives conservés dans les murs du Palais des papes et dans les fonds des archives départementales, ainsi que les objets issus des collections de la conservation du Palais.